Pourquoi ne pas skier derrière la dameuse ?
On l’avait promis , voici la séquence pédagogique de sensibilisation à un problème récurrent et important, que tout gestionnaire de site nordique rencontre :
[Le damage pour les noobs] ou
[Pourquoi il ne faut pas skier derrière une dameuse]
Chapitre 1 : nivologie du damage :
Idées reçues :
– une dameuse sert à tasser la piste: FAUX.
– une dameuse se conduit comme un tracteur, il suffit de suivre la piste : FAUX.
La neige fraîche est constituée de jolis flocons avec de belles branches : les dendrites. Ces dendrites espacent les grains de neige entre eux, donnant au manteau neigeux que très peu de cohésion : c’est tout mou
Le travail de damage consiste à briser ces dendrites pour que les grains de neige se rapprochent et puissent ainsi former des ponts de glace entre eux et gagner en cohésion : la piste devient dure et agréable à skier
Il y a donc deux étapes :
1) Briser les dendrites : c’est le rôle de la machine, déjà avec la lame en enroulant un maximum de neige sous la machine, puis des chenilles qui viennent malaxer tout ça (mais pas, ou peu, tasser la neige), puis avec la fraise à neige dont le rôle est de mouliner la neige pour détruire un maximum de dendrites (à la bonne vitesse et avec la bonne quantité de neige, variables suivant si champs, forêt, chemin forestier etc…). Le tapis sert à lisser l’ensemble et les petite vaguelettes au froid de pénétrer dans la piste.
Sauf que derrière ce travail, on a des grains de neige isolés mais sans aucun lien les uns avec les autres, donc c’est tout mou, « ça défonce » dans le jargon. D’où la nécessité de la deuxième étape :
2) Regel et prise de cohésion de la piste : c’est là que dame nature intervient et que les températures sont très importantes. L’humidité présente entre les grains de neige isolés se transforme en ponts de glace, les grains deviennent alors un seul et même bloc.
MAIS ce processus prend du temps et dépend de la température, dans tous les cas dans les 2h suivant le passage de la dameuse, la cohésion n’est pas suffisante pour considérer la piste suffisamment compacte pour skier dans de bonnes conditions. Idéalement il faudrait laisser à la piste 3 à 4h de « repos ».
C’est pour cette raison que skier juste derrière le passage de la dameuse n’est ni agréable (ça défonce) ni constructif, ça bousille le travail d’heures de damage
Voilà, plutôt que de se fâcher en début de saison on prend le temps d’expliquer le pourquoi du comment.
En espérant que ça portera ses fruits…
Et je suis sur que certains ont appris plein de choses
Chapitre 2 : l’aspect légal et sécuritaire du ski de nuit, un autre jour